Cette intervention explore comment les images ne sont pas seulement évaluées pour leur véracité ou leur contenu informatif, mais qu’elles sont activement valorisées par des pratiques inventives et affectives. Le suivi ethnographique des photojournalistes a montré que la confiance n’est pas seulement reçue, mais qu’elle se construit activement à travers la position médiatrice du photographe entre le monde visible et sa représentation narrative.
Ce processus a révélé des moments d’hésitation éthique, de spéculation imaginative et de construction narrative, conformément à la conception de Didi-Huberman (2008) de l’image comme un lieu d’interrogation affective et de retard critique. A partir d’un travail de terrain qui triangule trois scénarios interconnectés-suivi des photojournalistes, des discussions collectives d’adolescents en groupes focalisés sur la photographie documentaire et l’observation de réceptions d’auditoires- je soutiens que l’évaluation des images est une pratique chargée d’émotions et relationnelle et que les photographies peuvent être comprises comme un engagement corporel avec un monde d’objets affectifs (Edwards, 2001; Mitchell, 2005; Poole, 1997).
La conférence adopte une structure performative, invitant le public à participer en direct à l’évaluation d’image-juxtaposant les réactions du public, les intentions du créateur et les réponses du spectateur. Plus qu’une recherche de signification définitive, je propose de comprendre l’évaluation comme un jeu ouvert entre imaginer, sentir et interpréter. En fin de compte, ce travail contribue à une compréhension anthropologique plus large de la confiance visuelle comme pratique affective et inventive-qui se déploie non seulement dans ce que l’on voit, mais dans la façon dont les images sont imaginées, négociées et vécues collectivement.
Conférence d’Amanda Bernal Pérez, résidente, professeure en Anthropologie, Ecole d’art et de Design BAU, Barcelona.
